"La clé des champs.
Ce film est l'histoire
d'un regard.
Il faudrait d'abord
fermer les yeux.
Puis les rouvrir, comme
pour la
la première fois, comme chaque fois qu'il s'agit d'un
voyage,
d'une expérience, d'un film par exemple.
Ouvrir aussi les
oreilles, pas
forcément en même temps. Il y a un va-et-vient. Un
entre-deux, et c'est là que cela se joue.
Entre le son et le
silence, entre la forme et le chaos, entre le sens et l'oubli.
Il ya les images de Tony
Ray-Jones,
dont on ne comprend que peu à peu par quelle force
d'attention
humble, de patience et d'ironie fervente elles ont
été
arrachées à la surface des choses, au mirage des
êtres, pour être inscrites en une fragile et
définitive théâtralité de
l'instant. Ces
mineurs du Yorkshire et leurs banderoles, ces figurants
accoutrés du festival Dickens, ces estivants sur la plage de
Brighton sont tous les acteurs d'une représentation, les
servants d'un rituel, les indices d'une histoire (sociale, mentale).
Mais là, le
film
décolle du didactisme et prend son véritable
envol
poétique : les images et les sons de Dominique Comtat ne
redoublent pas les traces figuratives de T.R.-J., ils les
réinscrivent dans un écart où le
discours de la
méthode du photographe devient interrogation même
du
cinématographe : de son pouvoir, de ses enjeux, de sa
responsabilité. Le jeu des cadres, des durées,
les chocs
chromatiques se révèlent sous nos yeux en une
écriture nouvelle, incisive, nette, évidente et
énigmatique en même temps : le miroir invite alors
au
vertige de sa traversée, la clé magique de la
petite
Alice est bien la clé des champs, le lapin blanc saute de
son
terrier où nous n'en finissons plus de courir à
sa
poursuite."
Jean-André Fieschi
Son, mixage Martin Stricker
montage, D. Comtat & Anthea Kennedy
Production,
D. Comtat
CH 1995 16 mm couleur
(42')
Festival international du film documentaire, VISION DU REEL, Nyon (CH)
Rencontres du cinéma indépendant,
Châteauroux
Rencontres cinématographiques, Manosque