COURIR LES
RUES
Toute rue est une caverne
Aisément l'on s'en convaincra
en y réfléchissant une journée
entière
Toute rue est une grotte
Aisément l'on s'en convaincra
En y réfléchissant une année
entière
Toute rue est une rue
Aisément l'on s'en convaincra
En y réfléchissant un peu de temps en temps
Raymond Queneau
Film
d'animation, fiction documentaire.
Une balade cinématographique et littéraire dans
les rues
de Paris sur les traces des poèmes de Raymond Queneau.
Réalisation,
animation, image, montage, Dominique Comtat
Son
Pierre-Alain Besse
Montage son
Véronique Goël
Avec Roger
Jendly, Barbara Tanquerel
Production, D. Comtat
CH 1988 16 mm n/b (52')
Prime d'étude (CH)
Prix Central Film, journées cinématographiques de
Soleure (CH)
Prix du Fond pour la recherche de la
Société Suisse des Auteurs
Vidéothèque Ville de Paris
Diffusion Télévision Suisse Romande
Festival international du cinéma, Locarno (CH)
Hiroshima
International Film Festival
Festival international du film d'animation, CINANIMA, Espinho, Portugal
Festival d'Uppsala, Suède
Bruxelles, FILMER A TOUT PRIX
Dominique Comtat est photographe et cinéaste.
Cinéaste indépendant, il produit,
scénarise, filme et monte ses films. Travaillant
principalement en 16 mm et super-8, il se
considère comme un "bricoleur, un artisan du
cinéma". C'est dans sa relation à la
mémoire que la photographie, avec tout ce qu'elle contient
de fixité et d'émotion, lui paraitra
intéressante à confronter au cinéma,
à ses exigences et à son temps défini.
A propos de Courir les rues, Comtat parle d'une volonté,
d'après le poèmes de Raymond Queneau, de filmer
le parallèle entre l'écriture et les traces d'un
parcours (urbain celui-ci) jalonné d'observations, de
remarques et de notes.
"Les poèmes de Courir les rues me sont apparus importants
quant à leur relation à la ville (Paris),
à l'urbanisme, à la mémoire de cette
ville. Ils sont très simples quoique "truffés" de
références littéraires, de notes de
temps, de lieux, des petites observations "sur le terrain" et par
là même, me semblent très proches de la
photographie.
Ainsi j'ai choisi de réaliser ce film à partir de
photographies. J'ai donc effectué plus de cinq
mille prises de vue, en respectant scrupuleusement les endroits
cités par Queneau dans ses poèmes ; le film, en
les mettant en scène, s'efforce de respecter les intentions
et le regard de Queneau tout en les confrontant (ils datent de 1966)
à la réalité actuelle.
D'où l'intérêt de respecter dans les
images les lieux décrits par Queneau, même et
surtout si en vingt ans la topographie a changé. La
photographie a dans le film plusieurs statuts :
élément minimal du film,
élément de langage, document... De même
que Queneau explore les mots et le langage, le film explore les
éléments constitutifs de la photo et du
cinéma : le grain, le flou, le contraste, la sur- et la
sous-exposition, le continu et le discontinu, etc. "
La contruction du film s'inspire aussi des constructions
précises, méthodiques, mathématiques
et finalement très ludiques des romans de Queneau, qui
mêlent les temps et les espaces. Deux personnages
dérivent dans la ville, se croisent, se quittent, se
rejoignent. Ils disent les poèmes de diverses
manières (chuchotés,
déclamés, chantonnés, de
façon mystérieuse ou intimiste, etc. ) en les
intégrant dans une fiction. Les deux personnages font aussi
référence à différents
personnages des romans de Queneau.
De ces situations, de ces rencontres entre la fiction et
le documentaire, le texte et l'image, le continu et le
discontinu, entre des temps différents nait la
poésie.
(Drôle de vie n°10, février
1991)